lundi 21 janvier 2008

Exposition "Le vodou, un art de vivre"




















Ouvrir le dossier du vodou haïtien, c'est ouvrir une immense boîte noire. Surgissent pêle-mêle odeurs étranges, zombies errants, scènes de possession, objets d'art brut, fantasmes sur la sauvagerie, un peu d'amour et de jalousie, quelques crânes humains, de grandes productions hollywoodiennes, deux ou trois poupées plantées de leurs épingles, un parfum de mystère, des notes africaines, une nation d'esclaves libérés, sans oublier des dictateurs sanguinaires et quelques coups d'État...

Le vodou refuse la mise en boîte. Touchant à des domaines tellement variés, il ne se laisse pas enfermer dans les catégories classiques de «religion» ou de «culture». Le vodou brise les cadres, dépasse la rationalité qui cherche à le saisir et remplit l'espace de son évanescence et de son vertigineux parfum. Comment dire cet ensemble disparate, hétéroclite et dynamique? Comment exposer le débordement de vie ? Comment montrer l'invisible ? Comment exposer ce qui refuse l'exposition?

pour en savoir plus ... Le vodou, un art de vivre / Genève
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samedi 19 janvier 2008

XXIe, le marché de l'art africain au sommet



ART PRIMITIF

Émergence de l’intérêt d‘objets usuels africains

Les collectionneurs d’art africain sont souvent tentés par le totem ou le grand trophée spectaculaire. Un penchant qui enferme ce domaine dans des hiérarchies ineptes. Si la statuaire et les masques figurent au rang d’œuvres d’art, les objets usuels étaient souvent dénigrés. Au mieux les considèrent-t-on comme des témoignages ethnographiques, au pire comme de l’artisanat.

Notre regard sur les objets s’est modifié au gré des relations entre le continent africain et européen. Le statut d’un même objet dans les collections européennes et américaines a beaucoup évolué, particulièrement du XVIIIe siècle à nos jours. Avant cela, au XV, ces objets intègraient des collections royales et étaient considérées comme culturellement neutres. Puis la perception occidentale des Africains a changé. Au XVIIe, les Européens prétendaient que ceux-ci n’avaient pas de culture et qu’il fallait les soumettre par l’esclavage. AU XIXe, on pensait qu’ils avaient la culture du fétiche et de la magie et qu’il était urgent de les coloniser. Les objets sortent alors des collections royales et sont présentés en tant que pièces d‘“histoire naturelle“. Or il n’existe pas en Afrique une frontière étanche entre l’art et l’ethnographie. Un même souci esthétique imprègne tous les objets, qu’ils révèlent du rituel ou de l’usuel.

Le sacre d’un art sacré

L’art africain et son esthétique particulière sont enfin sur les podiums, les catalogues de collections indiquent une évolution positive de la statuaire africaine – en termes de chiffres …
Je déplore ici l'exercice qui consiste à analyser l’évolution d’un domaine artistique à côté de chiffres (capital) qu’il engendre. C’est surtout dans les instruments de musique et les armes que s’exprime la virtuosité des sculpteurs. Il en va ainsi d’un bouclier de danse kikuyu, transmis de père en fils, proposé pour 25000€ et un sifflet en ivoire du Congo, proposés pour 1200€ , - Un cache-fesse du Nigeria, estimé à 800€. Un appuie-nuque Luba Shankadi acheté par le marchand bruxellois Marc Felix pour 1,5 millions d’euros. Ces objets usuels n’ont pas pour vocation d'invoquer les esprits ou de servir de gardien dans les musées ni dans les villas de collectionneurs. Ils n’en restent pas moins des pièces maîtresses de la sculpture africaine.
Qu’une spatule à chaux de Papouasie s’adjuge en juin 2006 chez Sotheby’s pour 102 000€ n’a rien de surprenant aujourd’hui, mais il y a 20 ans c’était impensable!

Le jeu cumulé de la mode et de la raréfaction a permis de hisser l’art africain au sommet où il se trouve aujourd’hui. Ceux qui avaient parié dans les années 70 sur l’art africain voient désormais leur prêche récompensée. Mais ils grimacent aussi face à des enchères bien supérieures à leurs tarifs en galerie.
Je dis, l’art est à celui qui sait l’apprécier. Aussi, je déplore qu’il finisse par appartenir seulement à celui qui en a les moyens.

Triste est toujours de constater que les acteurs du marché de l’art africain sont en majorité européens et que les fruits de ce marché très juteux ne profite à aucun système africain engagé dans le commerce et la production de l’art.