dimanche 19 octobre 2008

"Jeux réfugié" Online









Un jeu gratuit destiné aux plus jeunes comme aux plus grands aide à mieux comprendre les difficultés des réfugiés dans notre monde.

Se faire arrêter par la police, être interrogé, battre et être battu! Puis fuir le pays, apprendre une nouvelle langue et recommencer une nouvelle vie : voici les différents chapitres de la vie de milliers de réfugiés. Et aussi d' envers et contre tout.org, un jeu vidéo crée par les Nations Unies.

Divisé en trois chapitres, composés chacun de 4 jeux très différents (donner les bonnes réponses aux policiers, trouver un refuge ou encore se faire de nouveaux amis), cette simulation nous apprend beaucoup sur les conditions de vie des réfugiés sans jamais faire la morale.
Pour accompagner son aspect ludique, le site contient une foule d’informations et de témoignages. De nos jours on ne doit pas oublier que ce genre d’ »aventure » n’arrive pas seulement à la télé.

www.enversetcontretout.org



En revenant à la réalité, voici quelques sites avec des pistes pour aider: REFUGEE COUNCIL, CICR, InterAction, IOM-OIM, HUMAN RIGHTS WATCH.

La Haine de l’Occident




Ils sont des milliers chaque année à tenter de franchir les frontières de l’Occident, les gens du Sud ont cependant la haine envers ceux qui les attirent ! Voilà un étrange paradoxe…

La haine envers cet Occident qui les a exploités et les exploite encore et toujours, cet Occident qui ne les écoute pas, leur impose ses concepts économiques et recettes pour un monde meilleur. C’est ce phénomène, trop souvent ignoré qu’explique l’imminent sociologue Jean Zisgler dans son dernier ouvrage.

La haine de l’Occident. La haine du jeune congolais qui se demande pourquoi le blanc obtient si facilement un visa pour visiter la brousse africaine alors qu’à lui on lui refuse un visa quand il veut rendre visite à son frère qui se trouve à Strasbourg. Celle de l’étudiante sénégalaise révoltée contre Nicolas Sarkozy, lorsqu’il s’entend dire : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Celle encore du paysan mexicain qui crève de faim, parce qu’il a abandonné ses champs de maïs faute de rentabilité face aux productions américaines subventionnées inondant le marché.

Jean Ziegler se penche au chevet de deux pays pour étayer sa démonstration : le Nigeria et la Bolivie, qu’il a sillonné récemment. Au Nigeria, le pétrole coule à flots, soit 2,6 millions de barils de brut par jour. Pourtant, tout déraille. En quoi l’Occident est-il responsable ? – vous demanderez-vous. Il y a d’abord eu la guerre du Biafra, dans les années 60, attisée par les français d’Elf. Pour s’assurer l’accès aux champs pétrolifères et gaziers alors que l’état fédéral voulait mettre fin à leurs concessions, ils auraient armé les indépendantistes.

Puis vint le joyeux temps de la corruption qui gangrène la société de bas en haut depuis des décennies. Et où atterrit le profit ? Banco ! pour les places financières occidentales. Et rebanco pour toutes les compagnies pétrolières qui ont pignon sur rue et savent bien qu’ils partagent leurs juteux bénéfices non pas avec la population nigériane, dont 70% vit avec moins de deux dollars par jour, mais avec une poignée de dirigeants qui savent leur parler.

Selon « Le Monde », ces derniers auraient détourné 352 milliards de dollars depuis l’indépendance. La Banque mondiale qui n’est certainement pas dupe, verse néanmoins chaque année 2 milliards au Nigéria. Cadeau de consolation ? Enfin, alors que les gouvernements occidentaux sont toujours prêts à hurler à la fraude électorale lorsqu’il n’y a aucun intérêt économique majeur en jeu – Exemple au Zimbabwe – il n’y va pas de même au Nigéria où on s’incline devant l’heureux élu et qu’importe les bourrages d’urnes et autres embrouilles.

Jean Ziegler évoque également le résultat calamiteux de la Conférence de Durban sur le racisme, la difficulté des occidentaux à reconnaître le rôle « négatif » de la colonisation et cette schizophrénie qui consiste à signer des traités et à ne les appliquer qu’en fonction d’intérêts propres. Exemple avec la lutte contre le terrorisme d’un certain Bush et de ces célèbres dérives (Guantanamo etc..).

Pour le sociologue les haines s’empilent et paralysent de plus en plus les négociations internationales au même titre que le véto des grandes puissances représentées au Conseil de sécurité. Il serait d’y voir clair…

Comme toujours avec Jean Ziegler, il y a d’un côté les bons et de l’autre les méchants. On ne saurait trop le lui reprocher lorsqu’il met le doigt sur les dangereuses failles de ce monde.


Ed. Albin Michel / Paru le 2 octobre 2008