mercredi 7 novembre 2007

Votre Suisse, ma maison





Votre Suisse, ma maison


Loin des idées préconçues et des a priori négatifs sur l'Afrique, loin des images négationnistes sur les calamités passées orchestrées contre l'Afrique par les anciens colons occidentaux, le peuple suisse, à l'instar du peuple français (lors des dernières présidentielles), vient de choisir par son vote sans appel, une forme de gouvernement de droite xénophobe. Une droite composée de partis qui ont comme fonds de commerce la propagande aryenne, typique de l'Allemagne des années 30.
Le nouveau parti-phare est le parti qui a réussi à « sécuriser » les Suisses et Suissesses face aux peurs réelles ou imaginaires. Les Suisses ont voté pour que quelqu'un les débarrasse enfin des étrangers criminels. Et pour ceux qui ne sont pas encore criminels, les « moutons noirs », un test ADN permettra d’éviter le regroupement familial.


Pour une politique de migration sans « moutons noirs » ?

La stigmatisation des musulmans et des étrangers d’origine africaine et balkanique, entre autres, a constitué le pilier de ces partis durant les dernières élections. Elle a servi de retranchement pour « récupérer » des peurs multiples. Celles-ci ont fini par révéler, en dernier ressort, un véritable syndrome de la peur de perdre son emploi, ses revenus, sa propriété et peut-être même son identité suisse… Pourtant c'est vers une Suisse cosmopolite que l'on devrait se diriger. La diversité et le respect mutuel devraient nécessairement prendre le pas sur les protectionnismes non productifs, sur le gâchis discriminatoire et sur les synergies manquées.

De l'insécurité dans ma Suisse …

Le jeune rappeur Junior Manizao chantait, pas plus tard qu'hier, une ode à "Ma Suisse",
cette petite Suisse qui a des chances de grandir dans le coeur des étrangers qui l'habitent. Ceux qui avaient pris le parti de s'intégrer doivent déchanter aujourd'hui. On ne peut pas intégrer sciemment quelque chose qui vous rejette! Il est donc vivement souhaité que la dignité et le respect de l'autre l'emportent sur les invectives partisanes postélectorales dans lesquelles certains ont vu des mots malheureux à l'endroit de citoyens suisses d'origine étrangère ou de ces étrangers qui ont outrepassé les limites de la respectabilité fédérale.

Ce que le vote d'octobre 2007 va faire avancer, c'est la peur de l'autre!

Face à ce constat, des milliers d'étrangers et de Suisses se sentent désabusés. Comme on ne peut pas lutter contre tant de peur de l’autre et de haine gratuite, il faudra juste continuer à composer avec ceux qui s'ouvrent au monde, ceux qui acceptent l'autre, ceux qui sont prêts à grandir sans la paranoïa de la différence en toile de fond.

Puisqu'il n'y a plus rien à perdre, puisque, enfin, on connaît les vraies idées de certains Suisses, on va faire comme chez nous et sans aucune retenue. Désormais, « Votre Suisse est notre maison » et tant pis pour ceux à qui ça déplaît !


mercredi 18 juillet 2007

Le pillage du trésor africain




Ni le pétrole, ni l’or, ni le diamant représentent le summum de la richesse pour l’Afrique tel que l’ait pu être la « culture ».




Du musée de Tervuren en Belgique au Musée d’art africain de Washington en passant par le Musée du Quai Branly à Paris, le Dahlem Museum de Berlin et le Musée Barbier-Mueller de Genève, les pays du Nord possèdent d’innombrables œuvres artistiques et objets artisanaux provenant des Etats du Sud, notamment du continent Noir. Ces trésors culturels et scientifiques, amassés au fil des siècles, sont plus nombreux en Occidents que dans les sociétés d’où ils proviennent.

La domination coloniale (Portugal, Espagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique, France, Allemagne…) s’est en effet accompagnée d’un pillage graphique et plastique pratiqué par des acteurs tant privés que publics. D’abord intéressés par l’or africain, les Européens remarquent rapidement l’artisanat et les œuvres artistiques ; venus pour les épices et les esclaves, les commerçant repèrent les objets sculptés en ivoire ; les explorateurs, que les compagnies payent pour focaliser les gisements de matières premières, se mettent à collecter les « curiosités », à la mode au XIXè siècle ; les militaires s’emparent de toute sorte de butins de guerre; les missionnaires, qui demandent la destruction des objets païens, les accaparent parfois; les administrateurs coloniaux envoient une multitude de pièces en métropole..

Soit les populations locales sont contraintes, soit elles n’imaginent pas les conséquences de ce qui va devenir un vaste pillage culturel. Si la valeur artistique de nombre objets (qui ont reconnu Pablo Picasso ou J-P Sartre) suscite l’intérêt, c’est surtout l’attrait scientifique qui explique l’ampleur de la collecte. Ambivalent, le savoir accumulé par les savants, souvent passionnés, a aussi fourni des armes à la domination. Les musées sont la vitrine promotionnelle de l’impérialisme.

L’importance des collections détenues par les pays du Nord (dont une partie est remisée faute de place ou d’intérêt, comme au Musée du quai Branly) ainsi que leur lien avec la domination coloniale devraient susciter un débat des politiques et de la diaspora africaine sur leur éventuelle restitution. Les Nations Unies et l’Union africaine reconnaissent ainsi « l’importance capitale » du retour des objets pour les sociétés pillées. Le rapatriement de certaines œuvres est expressément demandé par des Etats ou associations, au Bénin et au Nigeria, mais aussi au Mexique et en Chine.

Les réclamations, légitimes, des pays concernés soulèvent cependant plusieurs interrogations. Que faut-il réclamer ? Tout ou une partie seulement des objets ?

Un inventaire paraît nécessaire, mais aussi une réflexion sur la « globalisation culturelle ». Tout en reconnaissant la légitimité des demandes, les directeurs des grands musées occidentaux font remarquer le rôle que jouent leurs institutions dans la promotion du patrimoine culturel des pays du Sud ainsi que dans le partage mondial des savoirs. Ils prennent l’exemple de l’art grec, dont l’influence est en grande partie due aux politiques des Etats occidentaux. Le départ de certaines œuvres de ces musées constituerait aussi un très grand manque à gagner pour certains musées.

Autre interrogation…

A qui faut il remettre les objets ? Les propriétaires ne sont plus identifiables, et les Etats concernés, souvent pauvres, ne disposent pas toujours des moyens pour pouvoir entretenir et exposer de telles collections. Récemment plusieurs Musées africains ont été cambriolés, notamment au Nigeria et des pièces rares ont disparu qu’on retrouvera prochainement sur le florissant marché mondial de l’art africain. Je m’inquiète aussi du cadeau que ces restitutions représenteraient pour certaines élites corrompues de notre continent africain. En réponse Mr. Bourema Diamitani, directeur du Programme des Musées de l’Afrique de l’Ouest (WAMP), suggère une coopération entre musées du Nord et du Sud avec un parrainage international.

Ci-joint d'autres liens dans lesquels d’autres réponses sont formulées :






- Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria)


- Unesco Histoire générale de l’Afrique



- Etudes coloniales, publication consacrée aux recherches portant sur l’histoire coloniale et postcoloniale

mercredi 11 juillet 2007

Carte postale de l'Amérique profonde / le lynchage des Noirs aux Etats-Unis





La ségregation et le lynchage des noirs (Carte postale des Etats-Unis)







Le « lynchage », tout le monde, ou presque, sait ce que cela signifie. Peu, en revanche, savent que ce terme vient de William Lynch (1736-1796), juge de paix en Virginie, qui "réforma" la Justice pour la rendre plus... « efficace » et qu'il n'apparut vraiment qu'en 1837 quand la "justice" selon Lynch commença à être appliquée aux Indiens de Nouvelle Angleterre avant d'être généralisée aux Noirs du Sud des États-Unis.






Les clichés que vous allez voir sont ceux d'une Amérique obsédée par ses nègres (n'oublions pas que l'Amérique n'a fait qu'hériter de cette obsession appartenant à ses ancêtres européens).



Certaines de ces « cartes postales » sont tirées de l'exposition « Sans sépulture » présentée en juillet 2000 à la New York Historical Society. Ces clichés non si archaïques confrontent les Etats-Unis avec une page sombre de leur histoire et me font poser les questions suivantes: Comment une nation a pu tomber si bas ? Comment les nouvelles générations d'américains ont pu grandir avec un tel fardeau culturel? Comment peut-on pardonner?



Ces images de lynchage proviennent des greniers de l'Amérique profonde et de ses albums de famille, archivées et sauvegardées tel des exploits, des titres honorifiques. Ces corps exhibés, suppliciés, fouettés, écorchés, lacérés, mutilés, brûlés vifs sont ceux de jeunes noirs en générale et rarement a-t-on réussi à savoir pour quel délit, à part celui d'être nés dans une terre de frustration blanche et si loin de leurs terres d'origine. La foule est toujours présente, posant, radieuse ou indifférente, aux pieds des pendus, satisfaite du devoir accompli. Chasseurs à visage découvert, sûrs de leur impunité. Complicité des photographes, alertés par la rumeur ou la presse, qui installaient leur chambre noire sur les lieux mêmes de l'exécution pour procéder rapidement aux tirages. « Voici notre barbecue d'hier soir », écrit un dénommé Joe à ses parents, au dos d'une de ces cartes montrant les restes calcinés d'un pendu de dix-sept ans à Robinson, Texas, en mai 1916. Le fils attentionné a même pris soin de signaler sa présence au sein de la foule par « une croix sur la gauche du gibet».






«Des atrocités au nom du maintien d'un ordre social et racial et de la pureté de la race anglo-saxonne».




C'est donc au nom de la race blanche, de la femme blanche guettée par les appétits débridés des Noirs, que l'on mutile et que l'on tue. La tradition sudiste tend à lier le lynchage aux meurtres et viols de femmes blanches. En réalité, on lynchait aussi bien les femmes (61 entre 1889 et 1918) et les enfants, comme en témoigne la photo de Laura Nelson, pendue en 1911 à un pont de l'Oklahoma avec son fils de quatorze ans dont elle avait pris la défense. Il ne suffisait bien souvent que d'avoir offensé la suprématie blanche: une dispute, des insultes, un témoignage à charge contre un Blanc, pouvait conduire à la potence. Tel Rufus Moncrief, torturé puis pendu à un arbre avec son chien pour avoir refusé de se découvrir devant un Blanc.















L'écrivain Hilton Als nous raconte :


"Dans ma vie de citadin, j'ai tellement souvent changé de trottoir, la nuit, pour ne pas effrayer la femme blanche qui venait en face... Tellement de précautions prises pour ne pas effrayer les Blancs par ma simple existence..."


Droit pénal et lynchages
Malgré l'arrêt de la Cour suprême dans Strauder v. West Virginia de 1880, qui interdisait l'exclusion des Noirs américains des jurys populaires, ceux-ci étaient systématiquement écartés de ces fonctions. Ils étaient par conséquent laissé à la merci du système judiciaire blanc.







Dans certains États, tel l'Alabama, l'État utilisait le système pénal afin de rétablir une sorte de servage, en condamnant les hommes noirs à des années d'emprisonnement, durant lesquels ils travaillaient gratuitement pour des employeurs privés tels que la Tennessee Coal, Iron and Railroad Company, une filiale de la United States Steel Corporation, qui payait l'État en échange de leur travail forcé. Les punitions imposées hors du système judiciaire étaient encore plus brutales. Des milliers de Noirs ont été victimes du lynchage par des Blancs s'auto-proclamant "justiciers", parfois avec l'aide explicite de responsables officiels, dans les États du Sud et au-delà. Ces lynchages se transformaient parfois en véritables pogroms, ainsi lors des émeutes raciales d'Elaine en 1919 ou des émeutes raciales de Tulsa en 1921. Les coupables de telles exactions se sentaient à ce point à l'abri de toute poursuite judiciaire qu'ils prenaient souvent des photographies de leurs victimes, et en faisaient des cartes postales.




Le Ku Klux Klan, qui avait à peu près disparu après une apparition brève mais brutale au début de la Reconstruction, se reforma en 1915, en partie sous l'influence du film de David Griffith, Birth of a Nation, qui exaltait le premier Klan. Ils combinaient la rhétorique raciste à la xénophobie envers les immigrants, l'antisémitisme, l'anti-Catholicisme et l'anti-syndicalisme. À ces discours violents, ils ont ajouté l'usage systématique du lynchage et de mises en scènes spectaculaires (croix incendiées dans les quartiers noirs, etc.) visant à instaurer un véritable climat de terreur sur la population noire. Le lynchage de Thomas Shipp et d'Abram Smith, en 1930 dans l'Indiana, inspira la chanson Strange Fruit composée par Abel Meeropol (sous pseudonyme), un artiste et sympathisant communiste qui adopta les enfants des époux Rosenberg après leur exécution en 1953. Reprise par l'Afro-américaine Billie Holiday en 1939 à New York, la chanson, qui constituait un réquisitoire émouvant contre les multiples cas de lynchage dans le Sud, devint un hit populaire pendant la Seconde Guerre mondiale (voir article sur "strange Fruit).



Qu'il y ait eu procès ou pas ne changeait rien à l'affaire. D'une part, parce qu'il s'agissait généralement de parodies de justice où l'accusé, condamné d'avance, comparaissait devant un jury blanc. D'autre part, parce que la foule, peu soucieuse des sentences rendues par le tribunal - quand elle ne les devançait pas -, entendait se faire justice elle-même, n'hésitant pas à tirer le prisonnier de sa cellule, souvent sous l'oeil complice du shérif. Dans certaines villes du Texas, les représentants de la loi ont livré des noirs à la foule. Le maire a donné une journée libre aux écoliers et les Chemins de fer ont organisé l'excursion pour que le peuple puisse voir un être humain brûlé vif, témoigne en 1900 l'activiste Ida B. Wells, partie en croisade contre « la loi sans nom ». Une étude effectuée en 1933 sur cent lynchages de Noirs a établi qu'un tiers des victimes étaient innocentes des faits qui leur étaient imputés. Et que, dans la moitié des cas, la police avait activement participé à l'exécution.




L'Occident, une grande culture de négriers et esclavagistes a avancé au cours des siècles les théories les plus racistes, les méthodes d'aliénation et de destruction de l'humanité à grande échelle, les lois les plus honteuses à l'égard de la différence et de l'autre, des mécanismes de réflexion nombrilistes et dictateurs.




Qui croit que le cauchemar infligé aux noirs est fini ? Il est dans nos mains Noirs d'aujourd'hui et de demain de nous assurer que ces épisodes ne se répètent pas. Aussi intégrés que nous soyons dans cette société, il y a très peu de choses qui ont changé en profondeur. Restez vigilants et manifestez vous car « une pierre ne devient pas éponge en un siècle.

Fruit étrange (Billie Holiday)






La chanteuse afro-américaine Billie Holiday interpréta Strange Fruit pour la première fois en 1939, au Café Society à New York. On peut dire quelle a chanté sans doute le premier “protest song” de l'histoire du Jazz. Ce morceau écrit et composé par Abel Meeropol compte parmi les réquisitoires artistiques les plus vibrants contre les lynchages couramment pratiqués dans le sud des États-Unis; elle est en outre considérée comme l'une des premières manifestations du mouvement pour les droits civiques dans ce pays. Le terme « Strange Fruit » est d'ailleurs devenu synonyme de lynchage. La chanson était généralement interprétée dans les Cafés intégrés (autrement dit, les cafés qui toléraient les afro-américains).



Billie qui ne s'était jamais frottée à quoi que ce soit de politique auparavant, avait 23 ans quand elle chanta pour la 1ère fois "Strange Fruit" et en fit rapidement sa "propriété" tant elle y ajoutait de puissance et d'impact par sa personnalité; sa diction parfaite et sa manière de ponctuer chaque phrase donnant au texte une intensité dramatique exceptionnelle.



Le « Strange Fruit » évoqué dans ce morceau est le corps d'un noir pendu à un arbre. La puissance émotionnelle du texte tient à son évocation de la vie rurale traditionnelle dans le sud des États-Unis, qu'il confronte à la dure réalité du lynchage. Ainsi, on peut lire dans la deuxième strophe: « Scène pastorale du vaillant Sud, Les yeux exorbités et la bouche tordue, Parfum du magnolia doux et frais, Puis une soudaine odeur de chair brûlée ».




Strange Fruit (en français : étrange fruit)


Southern trees bear a strange fruit,

Blood on the leaves and blood at the root,

Black body swinging in the Southern breeze,

Strange fruit hanging from the poplar trees.

Pastoral scene of the gallant South,

The bulging eyes and the twisted mouth,

Scent of magnolia sweet and fresh,

And the sudden smell of burning flesh!

Here is a fruit for the crows to pluck,

For the rain to gather, for the wind to suck,

For the sun to rot, for a tree to drop,

Here is a strange and bitter crop.


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Les arbres du Sud portent un étrange fruit,

Du sang sur les feuilles, du sang aux racines,

Un corps noir se balançant dans la brise du Sud,

Etrange fruit pendant aux peupliers.

Scène pastorale du “vaillant Sud”,

Les yeux exorbités et la bouche tordue,

Parfum du magnolia doux et frais,

Et soudain l'odeur de chair brûlée!

Voici un fruit à déchiqueter pour les corbeaux,

à rassembler pour la pluie, à assécher pour le vent,

à pourrir pour le soleil, à abandonner pour l'arbre,

Etrange et amère récolte...






lundi 2 juillet 2007

Black is beautiful







"Ma Négritude"












Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole

Ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre [...]

ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'œil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale

elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience

Eïa pour le Kaïlcédrat royal !
Eïa pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
pour ceux qui n'ont jamais rien dompté

mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
véritablement les fils aînés du monde
poreux à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain de toutes les eaux du monde
étincelle du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestrales

Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
Eïa parfait cercle du monde et close concordance !

Écoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
Écoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !


Aime Césaire le Poète de l'Universelle Fraternité