vendredi 9 novembre 2007
mercredi 7 novembre 2007
Votre Suisse, ma maison
Loin des idées préconçues et des a priori négatifs sur l'Afrique, loin des images négationnistes sur les calamités passées orchestrées contre l'Afrique par les anciens colons occidentaux, le peuple suisse, à l'instar du peuple français (lors des dernières présidentielles), vient de choisir par son vote sans appel, une forme de gouvernement de droite xénophobe. Une droite composée de partis qui ont comme fonds de commerce la propagande aryenne, typique de l'Allemagne des années 30.
Le nouveau parti-phare est le parti qui a réussi à « sécuriser » les Suisses et Suissesses face aux peurs réelles ou imaginaires. Les Suisses ont voté pour que quelqu'un les débarrasse enfin des étrangers criminels. Et pour ceux qui ne sont pas encore criminels, les « moutons noirs », un test ADN permettra d’éviter le regroupement familial.
Pour une politique de migration sans « moutons noirs » ?
La stigmatisation des musulmans et des étrangers d’origine africaine et balkanique, entre autres, a constitué le pilier de ces partis durant les dernières élections. Elle a servi de retranchement pour « récupérer » des peurs multiples. Celles-ci ont fini par révéler, en dernier ressort, un véritable syndrome de la peur de perdre son emploi, ses revenus, sa propriété et peut-être même son identité suisse… Pourtant c'est vers une Suisse cosmopolite que l'on devrait se diriger. La diversité et le respect mutuel devraient nécessairement prendre le pas sur les protectionnismes non productifs, sur le gâchis discriminatoire et sur les synergies manquées.
De l'insécurité dans ma Suisse …
Le jeune rappeur Junior Manizao chantait, pas plus tard qu'hier, une ode à "Ma Suisse",
Ce que le vote d'octobre 2007 va faire avancer, c'est la peur de l'autre!
Face à ce constat, des milliers d'étrangers et de Suisses se sentent désabusés. Comme on ne peut pas lutter contre tant de peur de l’autre et de haine gratuite, il faudra juste continuer à composer avec ceux qui s'ouvrent au monde, ceux qui acceptent l'autre, ceux qui sont prêts à grandir sans la paranoïa de la différence en toile de fond.
Puisqu'il n'y a plus rien à perdre, puisque, enfin, on connaît les vraies idées de certains Suisses, on va faire comme chez nous et sans aucune retenue. Désormais, « Votre Suisse est notre maison » et tant pis pour ceux à qui ça déplaît !
mercredi 18 juillet 2007
Le pillage du trésor africain
Ni le pétrole, ni l’or, ni le diamant représentent le summum de la richesse pour l’Afrique tel que l’ait pu être la « culture ».
Du musée de Tervuren en Belgique au Musée d’art africain de Washington en passant par le Musée du Quai Branly à Paris, le Dahlem Museum de Berlin et le Musée Barbier-Mueller de Genève, les pays du Nord possèdent d’innombrables œuvres artistiques et objets artisanaux provenant des Etats du Sud, notamment du continent Noir. Ces trésors culturels et scientifiques, amassés au fil des siècles, sont plus nombreux en Occidents que dans les sociétés d’où ils proviennent.
La domination coloniale (Portugal, Espagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique, France, Allemagne…) s’est en effet accompagnée d’un pillage graphique et plastique pratiqué par des acteurs tant privés que publics. D’abord intéressés par l’or africain, les Européens remarquent rapidement l’artisanat et les œuvres artistiques ; venus pour les épices et les esclaves, les commerçant repèrent les objets sculptés en ivoire ; les explorateurs, que les compagnies payent pour focaliser les gisements de matières premières, se mettent à collecter les « curiosités », à la mode au XIXè siècle ; les militaires s’emparent de toute sorte de butins de guerre; les missionnaires, qui demandent la destruction des objets païens, les accaparent parfois; les administrateurs coloniaux envoient une multitude de pièces en métropole..
Soit les populations locales sont contraintes, soit elles n’imaginent pas les conséquences de ce qui va devenir un vaste pillage culturel. Si la valeur artistique de nombre objets (qui ont reconnu Pablo Picasso ou J-P Sartre) suscite l’intérêt, c’est surtout l’attrait scientifique qui explique l’ampleur de la collecte. Ambivalent, le savoir accumulé par les savants, souvent passionnés, a aussi fourni des armes à la domination. Les musées sont la vitrine promotionnelle de l’impérialisme.
L’importance des collections détenues par les pays du Nord (dont une partie est remisée faute de place ou d’intérêt, comme au Musée du quai Branly) ainsi que leur lien avec la domination coloniale devraient susciter un débat des politiques et de la diaspora africaine sur leur éventuelle restitution. Les Nations Unies et l’Union africaine reconnaissent ainsi « l’importance capitale » du retour des objets pour les sociétés pillées. Le rapatriement de certaines œuvres est expressément demandé par des Etats ou associations, au Bénin et au Nigeria, mais aussi au Mexique et en Chine.
Les réclamations, légitimes, des pays concernés soulèvent cependant plusieurs interrogations. Que faut-il réclamer ? Tout ou une partie seulement des objets ?
Un inventaire paraît nécessaire, mais aussi une réflexion sur la « globalisation culturelle ». Tout en reconnaissant la légitimité des demandes, les directeurs des grands musées occidentaux font remarquer le rôle que jouent leurs institutions dans la promotion du patrimoine culturel des pays du Sud ainsi que dans le partage mondial des savoirs. Ils prennent l’exemple de l’art grec, dont l’influence est en grande partie due aux politiques des Etats occidentaux. Le départ de certaines œuvres de ces musées constituerait aussi un très grand manque à gagner pour certains musées.
Autre interrogation…
A qui faut il remettre les objets ? Les propriétaires ne sont plus identifiables, et les Etats concernés, souvent pauvres, ne disposent pas toujours des moyens pour pouvoir entretenir et exposer de telles collections. Récemment plusieurs Musées africains ont été cambriolés, notamment au Nigeria et des pièces rares ont disparu qu’on retrouvera prochainement sur le florissant marché mondial de l’art africain. Je m’inquiète aussi du cadeau que ces restitutions représenteraient pour certaines élites corrompues de notre continent africain. En réponse Mr. Bourema Diamitani, directeur du Programme des Musées de l’Afrique de l’Ouest (WAMP), suggère une coopération entre musées du Nord et du Sud avec un parrainage international.
Ci-joint d'autres liens dans lesquels d’autres réponses sont formulées :
- Unesco Histoire générale de l’Afrique
mercredi 11 juillet 2007
Carte postale de l'Amérique profonde / le lynchage des Noirs aux Etats-Unis
Les clichés que vous allez voir sont ceux d'une Amérique obsédée par ses nègres (n'oublions pas que l'Amérique n'a fait qu'hériter de cette obsession appartenant à ses ancêtres européens).
Ces images de lynchage proviennent des greniers de l'Amérique profonde et de ses albums de famille, archivées et sauvegardées tel des exploits, des titres honorifiques. Ces corps exhibés, suppliciés, fouettés, écorchés, lacérés, mutilés, brûlés vifs sont ceux de jeunes noirs en générale et rarement a-t-on réussi à savoir pour quel délit, à part celui d'être nés dans une terre de frustration blanche et si loin de leurs terres d'origine. La foule est toujours présente, posant, radieuse ou indifférente, aux pieds des pendus, satisfaite du devoir accompli. Chasseurs à visage découvert, sûrs de leur impunité. Complicité des photographes, alertés par la rumeur ou la presse, qui installaient leur chambre noire sur les lieux mêmes de l'exécution pour procéder rapidement aux tirages. « Voici notre barbecue d'hier soir », écrit un dénommé Joe à ses parents, au dos d'une de ces cartes montrant les restes calcinés d'un pendu de dix-sept ans à Robinson, Texas, en mai 1916. Le fils attentionné a même pris soin de signaler sa présence au sein de la foule par « une croix sur la gauche du gibet».
"Dans ma vie de citadin, j'ai tellement souvent changé de trottoir, la nuit, pour ne pas effrayer la femme blanche qui venait en face... Tellement de précautions prises pour ne pas effrayer les Blancs par ma simple existence..."
Fruit étrange (Billie Holiday)
lundi 2 juillet 2007
Black is beautiful
"Ma Négritude"
Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
Ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre [...]
ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'œil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience
Eïa pour le Kaïlcédrat royal !
Eïa pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
pour ceux qui n'ont jamais rien dompté
mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
véritablement les fils aînés du monde
poreux à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain de toutes les eaux du monde
étincelle du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestrales
Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
Eïa parfait cercle du monde et close concordance !
Écoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
Écoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !
Aime Césaire le Poète de l'Universelle Fraternité